Liguori, Chiara (2002) La difficile construction de l'intégration maghrebine et le partenariat euro-méditerranéen = The difficult construction of Maghreb integration and the Euro-Mediterranean Partnership. JMWP No. 44.02, September 2002. [Working Paper]
Abstract
Le processus d’intégration maghrebine se présente lent et complexe à cause d’une série d’entraves de nature économique et politique. Le partenariat euro-méditerranéen, lancé à Barcelone en 1995, était censé donner un élan significatif au sous-dit processus. Après une reconstruction des étapes principales de la dynamique d’intégration maghrebine et une analyse des facteurs qui en bloquent les progrès, ce travail se propose, premièrement, d’étudier dans quelle mesure l’initiative de partenariat euro-méditerranèen conditionne dans la pratique le processus d’intégration au Maghreb et, deuxièmement, de formuler quelques recommandations à propos d’une influence plus efficace que le partenariat pourrait jouer par rapport aux relations inter-maghrebines. L’idée d’unité maghrebine est bien ancienne. Le partage d’une langue, d’une religion, d’épisodes historiques et d’un même environnement géographique ont déterminé la création d’une identité maghrebine présente dans chacun des pays de la région depuis des siècles sous forme de question, de revendication, de discours et d’appel. Au cours du vingtième siècle, le projet d’unité maghrébine a connu divers degrés d'intensité: des moments de rapprochement et de convergences ont été suivis par des périodes de résurgence des particularismes et des antagonismes entre les pays de la région. En effet, si la lutte contre le colonialisme avait déjà grandement alimenté la solidarité maghrebine et les espoirs unitaires, la fondation de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) entre la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye en février 1989 a représenté le point culminant des aspirations intégrationnistes de l’époque post-coloniale. Le lancement de cette initiative, rendue possible grâce à la convergence de facteurs d’ordre intérieur et extérieur, a tout d’abord engendré de grands espoirs et une vague d’optimisme tant chez les peuples maghrébins qu’aux yeux de la communauté internationale et en particulier des européens. Néanmoins, en dépit de l’enthousiasme initial, les faiblesses intérieures du processus se sont bientôt révélées, tandis que des forces centrifuges ont prévalu. Treize ans après la signature du traité constitutif, l’UMA n’est qu’un apparat bureautique vide d’un contenu réel et le projet d’intégration maghrébine demeure pratiquement bloqué. Entre-temps, en novembre 1995, s’est déroulé à Barcelone la première conférence ministérielle euro-méditerranéene qui a abouti au lancement du "Partenariat euro-méditerranéen" (PEM). Il s’agit d’un projet d’intégration euro-méditerranénne entre les quinze pays de l’Union européenne et douze pays tiers du bassin méditerranéen. L’objectif du PEM, clairement très ambitieux, était de faire de la région méditerranéenne une espace de dialogue, d’échange et de coopération en vue de garantir la paix, la stabilité et la prospérité et de consolider ainsi la démocratie, la sécurité, le développent socio-économique et le dialogue inter-culturel. Le processus entamé à Barcelone, en incluant trois pays de l’UMA (Maroc, Tunisie, Algérie), était censé avoir des répercussions sur le projet d’intégration maghrébine, car le rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée reposait tout d’abord sur une plus forte intégration de type Sud-Sud. Le but de ce travail est justement d’identifier la place qu’occupe le projet d’intégration maghrebine dans le cadre plus large du partenariat euro-méditerranéen. En particulier, ce travail se propose d’abord de vérifier si et dans quelle mesure le processus euro-méditerranéen conditionne dans la pratique l’intégration du Maghreb, et ensuite d’avancer des propositions à propos de la contribution que la stratégie euro-méditerranénne pourrait offrir.
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